Biographie Don Baker
Je suis né à Edmundston le 27 mai 1935, baptisé à la Cathédrale Immaculée Conception d'Edmundston. Je suis le fils de Archie Baker, originaire de Baker Brook et Euphémie Turgeon, de Saint-Hilaire, native de la Côte Nord du Québec de la descendance de la tribu des Algonquins. Mon père est de la descendance de John Baker, instigateur de la légendaire République du Madawaska. De ce mariage sont nés quatre enfants, soit Ester de Perry Maine, moi-même, Hubert de Saint-Basile et Rodrigue de Châteauguay, Québec. Pour plus d'information concernant John Baker ainsi que la légendaire République du Madawaska, vérifiez sur le web dans google. Aussi, je vous recommande le livre « L'Histoire du Madawaska » écrit par l'abbé Thomas Albert en 1912 dont vous pouvez vous procurer à la Bibliothèque Mgr. Conway.
Mes parents habitaient pendant ma jeunesse au 51, rue Saint-Georges, au coin de la rue Martin, près de l'école Notre-Dame où j'ai fait mon école primaire. À cette époque, je faisais partis des louveteaux et des scouts comme la plupart des jeunes de la région. J'étais dans la troupe de René Fortin, père de Jean-Paul, professeur de musique, un homme distingué et jovial dont j'ai grandement apprécié.
De 1939 à 1945, c'était la 2e guerre mondiale dont le champ de bataille était l'Europe. À l'époque où les trottoirs de la rue Happy Corner (Victoria) étaient en bois, pas grand chose se manifestait dans le domaine du sport. Le sport favori du temps était la bataille à poings nus après la classe dès la sortie de la cour d'école. L'endroit idéal où l'on se rencontrait pour régler nos comptes était au coin de la rue Martin et la 37e avenue, en face de l'ancienne église aujourd'hui centre communautaire Godbout. Il y avait presque à chaque soir quelqu'un qui se battait. Il m'est déjà arrivé à quelques reprises d'avoir à régler certains différends à cet endroit envers d'autres jeunes de mon âge me manquant de respect.
Étant donné qu'à cette époque, nous n'avions pas le téléphone à la maison, ma mère m'avait envoyé après la classe porter un message chez mon oncle Ligori Nadeau dans la rue Cyr, à un kilomètre de chez nous et j'ai dû me battre à deux reprises avant d'arriver chez lui. Ma tante s'était aperçue que je m'étais battu et se doutait que probablement le trajet de retour serait plus difficile puisque j'aurais à affronter une gang de rue. Faut dire qu'à cette époque les gangs de rue n'étaient pas ce qu'elles sont aujourd'hui, tout ce réglait à poings nus. Alors, mon oncle téléphona pour du renfort et nous avons dû prendre un autre chemin pour éviter une autre bataille, donc nous avons pris la voie ferrée, aujourd'hui la piste cyclable, et nous nous sommes rendus à la maison sans se battre. Il fallait être bon batailleur et bon coureur en même temps. Heureusement j'étais bon coureur et assez bon batailleur parce que j'étais vite comme un ton. On m'appelait l'homme-mouche.
À peu près à la même époque, soit en 1948, j'ai eu connaissance qu'il y avait des combats de boxe dans la 35e avenue, la rue voisine, près de la maison de mon ami Henri Laplante, face au magasin Frank Castonguay, aujourd'hui le dépanneur Roger Guimond. J'ai pensé qu'il serait bon d'apprendre la boxe afin d'être meilleur pour me défendre. La Providence avait donc prévu qu'un jour j'habiterais près de chez René Hébert qui avait déjà débuté sa carrière de boxeur et je me suis donc fait ami avec lui. René m'invita pour aller au gymnase de M. Biff Lemieux. Alors, après m'avoir entraîné au gymnase avec des jeunes de mon âge, soit René Hébert, Willard Michaud, Bolo Beaulieu, Normand Albert, Fernand Thibodeau, Guyzoute Rioux, Gene Desprey et Phil Goyette de Madawaska, Maine en 1949, enfin le grand jour arriva, me voilà en préliminaire sur la carte de boxe à la salle Saint-Louis contre Robert Baloune Roussel, garçon de Émile et père de Gino du Chemin Baisley. Donc, pour les gens qui l'on connu, vous vous souvenez sûrement qu'il avait une bonne corpulence et son poids devait excéder le mien d'au moins cinquante livres. Étant donné que j'étais plus rapide que lui, celui-ci n'a pas eu la chance de me frapper souvent. Je boxais dans la catégorie 135 livres (61.24 kilos). Cependant, les spectateurs ont bien ri et apprécié ce combat.
Heureusement qu'à cette époque, pour les amateurs de boxe, M.Biff Lemieux soit arrivé en ville puisqu'il a fait beaucoup afin de promouvoir ce sport. J'ai eu le plaisir de l'avoir comme entraîneur et ma carrière a débuté en boxant dans certains bazars de différents villages, soit Clair, Saint-François, lac Baker, Saint-Basile et Edmundston. Donc, après cette série de combats, même si nous n'étions pas payés, cela nous faisait grandement plaisir de s'exécuter en public afin d'acquérir de l'expérience dans cette discipline que j'ai grandement apprécié et qui était à cette époque, sans le savoir, de la boxe amateur. La raison est que nous n'étions pas payés et régis par aucune fédération gouvernementale.
Conséquemment, Biff avait confiance en nos possibilités de pouvoir aller en compétition ailleurs que dans les bazars. Alors, des combats plus importants avec rémunération furent organisés contre des boxeurs plus expérimentés et même avec des anciens champions professionnels et nous réussissions à leur donner du temps dur et même les battre. C'est pour cette raison que nous avons été invité, René Hébert et moi-même, deux jeunes de la rue Saint-Georges, à nous entraîner à Lewiston Maine, sous la direction de M. Paul Labee Junior, ancien champion mondial. Ce fut tout un honneur pour nous de vivre ces bons moments dont nous gardons toujours en mémoire.
Lorsque nous devions séjourner à Lewiston Maine, situé à deux cent milles d'Edmundston, le propriétaire du garage Dominion Motor, M. Lionel Bourgoin, situé à l'époque au 40, rue Cour, dans l'actuel bureau de l'Assurance Alliance, nous avait commandité une voiture pour se déplacer. Tous les vendredi soirs après l'entraînement au club de nuit de M. Labee, nous étions préposés à placer les tables et les chaises puisque celui-ci organisait un party pour tous les locataires de son bloc appartement. Donc, il est évident que nous avions beaucoup de fatigue accumulée, mais nous devions revenir à Edmundston pendant la nuit.
Lors de notre retour sur des routes qui n'étaient pas toujours en asphalte mais de graviers donc très poussiéreuses, il ne fallait surtout pas se faire dépasser par quelqu'un d'autre pour ne pas manger de poussière. Arrivé à l'aube du jour, nous avons eu un accident. Lorsque je me suis endormi au volant vers six heures du matin, nous avons sorti du chemin, descendu une pente de plus d'un mètre et fait cinquante mètres dans un champ de patates avant de remonter la pente et passer entre deux poteaux blancs de justesse et revenir sur la route. Donc, aussitôt arrêtés, la poussière nous a envahis et dès que celle-ci est retombée, nous sommes sortis de l'auto pour constater les dégâts. Heureusement, nous n'avions aucune blessure et aucune égratignure sur l'auto, seulement deux crevaisons du coté droit. Alors, après réparation nous sommes repartis en nous disant que nous avons eu plus de peur que de mal, car se fut un réveil brutal et nous en avons bien ri tout au long du trajet.
J'ai abandonné l'école secondaire en 10e année puisque je ne voyais pas la nécessité de me faire instruire pour trouver un emploi. Mes premiers emplois ont été, entre autres, chauffeur pour la compagnie Diamond taxi ainsi que pour René Coté taxi, pendant quelques années. Ensuite j'ai fait la livraison pour Rossignol Wholesale Ltd. tout en poursuivant ma carrière de boxeur sous la direction de René Hébert. Lorsque celui-ci est devenu promoteur en 1953 après avoir changé la vocation de l'ancienne église en une magnifique salle de boxe, ce fut pour plusieurs jeunes de la ville l'endroit idéal pour faire de l'entraînement et des galas de boxe pendant trois ans.
En 1955, le 1er novembre, soir des tours, j'ai quitté la ville avec mes amis, Louis Bellefleur, Reno Babineau et Carmel Morin pour aller travailler à Montréal. Je me suis trouvé un emploi chez Toilet Landry sur la rue Guy, je faisais la livraison de Beauharnois à Valleyfield.
À Saint-Henri, dans le secteur où je demeurais, il y avait un gymnase de boxe du nom de White Owl où je me suis entraîné de 1956 à 1958. Récemment, j'ai eu le bonheur de lire sur le site pantheonboxing .ca la biographie d'Albert Breau et je me suis rappelé l'avoir déjà vu à ce gymnase. À cette époque, j'avais déjà boxé comme professionnel dans l'État du Maine, au Nouveau-Brunswick ainsi que dans l'Est du Québec et lorsque je suis arrivé à Montréal j'ai boxé à Windsor et à Lasalle.
Puisque la boxe professionnelle à Montréal était au ralenti en 1958, l'entraîneur Roger Larrivée me demanda de prendre le rang amateur. Je lui ai demandé si c'était possible que je puisse boxer amateur et il me répondit que je n'étais pas connu dans la région et qu'il n'y avait pas de problème. Alors, lors d'un tournoi des gants dorés au Centre Paul-Sauvé, celui-ci me demanda de participer et de changer mon nom pour Roger Larrivière. J'étais comme la plupart des jeunes, facilement influençable et j'ai accepté de faire ce qu'il me demanda et par la suite j'ai constaté que ce fût une grave erreur de faire confiance aveuglement à certaines personnes.
Quelques mois auparavant, je m'étais entraîné avec Pat Supple un boxeur professionnel, dans le sous-sol de la maison de son père à Ville-Émard, lorsque celui-ci s'entraînait pour le combat du titre mondial qu'il devait livrer au Mexique. Ce que je ne savais pas, c'est que Eddy, le père de Pat, était présent au Centre Paul-Sauvé lors du tournoi des gants dorés et que celui-ci faisait parti du comité de boxe amateur du Québec. Donc, il en résulta que lorsque je me suis présenté près de l'arène pour mon combat, j'ai été arrêté par la police et on m'a fait passer en cour dans les jours suivants et le juge m'a banni à vie du sport de la boxe comme boxeur, entraîneur ou second dans un coin. Toutefois, pour me récompenser, on m'a donné un billet sur la passerelle avec les journalistes afin de voir le combat de boxe pour le titre mondial entre Yvon Durelle et Archie Moore.
J'ai constaté par la suite que c'était évident que je dérangeais quelqu'un et que ceux-ci ont manigancé cette combine malhonnête à mon égard afin de m'éliminer du monde de la boxe pour laisser la chance à leur préféré.
Durant ma carrière, j'ai fais au-delà de trente combats. J'en ai perdu cinq et je n'ai jamais été mis KO. C'est dans un combat à Edmundston que j'ai pris un compte de 8 pour la première fois de ma carrière suite à un coup de coude reçu de Young Rigoli, un boxeur de Québec. Ce coup illégal m'a rendu vulnérable à recevoir d'autres coups qui auraient pu avoir des conséquences grave pour moi. Heureusement, j'ai réussi à finir ce combat de peine et de misère et j'ai perdu par décision.
J'ai toujours voulu le reprendre, mais quelqu'un a fait en sorte que cela ne se concrétise pas. Par contre, je me suis battu contre Bobby Lemonde qui avait battu Rigoli et je l'ai mis KO à la deuxième ronde à deux minutes trente secondes. Alors, j'ai demandé à l'entraîneur de Rigoli de m'organiser un combat avec son boxeur, il n'a jamais accepté. Cela m'aurait fait grandement plaisir de reprendre ma revanche. Il est raisonnable de penser que parfois certains coups illégaux peuvent se donner accidentellement lors d'un combat. Cependant, de nos jours, due à la technologie, la plupart des combats sont filmés. Donc, il est possible de déterminer si les coups sont accidentels ou volontaires et bannir de la boxe les boxeurs qui ne se conforment pas aux règlements du noble art.
J'ai eu le bonheur de regarder le 5 octobre 2006, à TQS, la première émission télévisée « Le 7e round » et j'ai pris conscience de l'importance de ce qu'un coup illégal, tel un coup de coude ou de tête, peut occasionner pour le boxeur et sa famille ainsi que les amateurs du noble art.
En 1963, arrivé à la trentaine, j'ai pensé utiliser mes temps libres pour faire du bénévolat afin aider la jeunesse à mieux s'épanouir. Étant donné que j'avais été banni à vie de la boxe, je me suis donc inscrit au sein du mouvement scout et suivi le cour de Radisson à Timmins Ontario, pour devenir chef pionnier. J'ai été commissaire diocésain dans le comté de Saint-Jean d'Iberville pendant cinq ans.
De 1965 à 1970, j'ai travaillé à faire la livraison pour la compagnie Longueuil 66 gaz propane et j'ai aussi été commandité par eux pendant les même années pour faire des cours d'automobile à Granby, Farnham, Drumondville et Malone, NY, près de Plattsburgh.
En 1970, j'ai eu le goût de revenir dans mon coin de pays natal et mon premier emploi a été bartender pendant six mois à la taverne chez Lawrence Plourde, aujourd'hui Happy Club. Ensuite, j'ai été chauffeur de semi-remorque sur de longues distances jusqu'en 2004 pour la compagnie Day & Ross, un travail que j'ai bien aimé.
Au début de 1981, le promoteur de boxe Donald Don Plourde organisa pour le 15 août 1981 un gala de boxe old timer au Forum d'Edmundston, qui consistait en des combats d'exhibition et celui-ci est venu me rencontrer pour me demander si j'étais intéressé à participer à ce gala. Alors, j'ai accepté avec plaisir de rencontrer en exhibition un ancien partenaire d'entraînement, soit Gene Desprey de Madawaska. D'autant plus que les finalistes étaient nuls autres que le boxeur Yvon Durelle de Baie-Sainte-Anne, NB, reconnu comme le meilleur boxeur de l'histoire de la boxe canadienne et le célèbre boxeur Robert Cléroux de Montréal, ex-champion canadien.
Donc, après quelques mois d'entraînement, le soir du 15 août arriva et me voici en train de vivre dans la chambre où je me préparais, les mêmes émotions que lors d'un certain soir au Centre Paul-Sauvé où ma carrière de boxe s'est terminée. Je me disais en moi-même que même si j'ai été banni à vie de la boxe, il m'est agréable de pouvoir m'exécuter en toute tranquillité dans mon dernier combat de boxe parmi les gens de ma région. Nous voilà sur l'arène pour un 3 rondes de 2 minutes et tout se déroule très bien à un point tel que le journaliste Jean Pedneault a affirmé que ce combat fut le meilleur de la soirée. Toutefois, ce combat s'est terminé quelques secondes avant le son de cloche alors que je me suis fais prendre par l'arrière et couché à plat ventre sur l'arène sans trop savoir ce qui m'arrivait. A cette époque, il y avait un groupe d'hommes de Madawaska qui faisaient partie des Keystones Cops; ceux-ci étaient déguisés en policiers de l'époque 1800 et étaient préposés à faire la sécurité dans certaines festivités.
Alors, me voilà pris de panique et j'aperçois Blond Bernier, tenancier du club Roland's Rendez-Vous, faisant parti des Keystones Cops. J'ai réalisé que c'était un coup monté par quelqu'un qui savait que j'avais déjà été banni à vie de la boxe. Il avait fait en sorte de me faire arrêter pour le plaisir afin de me mémoriser ces souvenirs. Croyez-moi, il a réussi. Cependant, les deux milles spectateurs en ont bien ri et moi aussi.
Arrivé à 71 ans, je suis toujours actif et je fais du taxi pour la compagnie Camille. Je vous affirme que le combat le plus difficile à été de combattre un cancer de prostate pendant cinq ans et de réussir à le mettre KO. Voilà la raison pour laquelle je fais du taxi et que je préfère sortir de la maison afin de rencontrer des gens pour oublier ces tracas.
Même si j'ai combattu un cancer de la prostate de 1996 à 2001, et qu'en 2005 on m'a diagnostiqué un cancer des os, par la grâce de Dieu, les résultats des tests de avril 2006 ont été négatifs, il n'y avait plus rien. Les spécialistes de l'hôpital de Moncton ont été surpris de ces résultats. Alors, je leur ai dit que j'ai été récompensé pour ma foi en Jésus.
Je veux vous dire en terminant que je suis heureux d'avoir été intronisé à ce panthéon. Cela m'a permis de faire un rétro de ma carrière de boxeur ainsi que quelques événements qui se sont produits dans ma vie. Donc, je profite de l'occasion pour remercier et féliciter le promoteur Donald Don Plourde de cet innovation qui sans aucun doute sera très bénéfique à promouvoir le sport du noble art au Canada.
Amicalement,
Don Baker